Notre appel à projets de recherche scientifique 2018 – sur le syndrome de Williams – est sur le point de se clôturer! Sous peu les chercheurs sélectionnés vont recevoir leurs financements.
L’association Autour des Williams (ADW) propose chaque année de financer des projets de recherche sur le syndrome de Williams.
Nous avons reçu cette année 11 projets de recherche. Cela représente un total de fonds demandés de 284 627 €, c’est 3,5 fois plus qu’en 2017! Cette année nous disposons de 52 000 € (ADW) et de 46 000€ (Fédération Williams France).
Le conseil médical et scientifique a évalué ces différents projets afin d’aider le conseil d’administration de ADW à choisir les projets à financer.
Les trois projets retenus par ADW sont :
Mme Dr. Victoria Campuzano, Université Barcelone, Espagne.
Mme Dr. Susanna Pietropaolo , Université Bordeaux.
M. Prof. Dr. Ingolf Prosetzky, Faculté Görlitz, Allemagne.
Projet Dr. Campuzano
Il s’agit de recherche fondamentale. C’est un sujet de recherche qui est discuté pour la première fois parmi tous les projets que nous avons reçus jusqu’à aujourd’hui. On a identifié que certains processus des mitochondries, les usines de production d’énergie dans nos cellules, fonctionnent mal chez les personnes attentes du syndrome de Williams (SW). Ces chercheurs proposent d’étudier ce problème.
Le projet est très technique, très difficile à résumer. Au moins deux gènes du SW sont directement liés au dysfonctionnement mitochondrial des neurones. Il a été observé que 84% des patients porteurs du SW ont des altérations cardiaques, y compris d’hypertension et d’hypertrophie cardiaque. Ces deux altérations sont associées à des niveaux élevés d’une protéine, l’angiotensin II (AngII), et du stress oxydatif. Les mitochondries sont dysfonctionnelles dans le cas de l’hypertension, dans laquelle des niveaux élevés d’AngII favorisent la formation de ROS (ROS= reactive oxygen species) vasculaires. Des anomalies fonctionnelles des mitochondries cardiaques dans le SW pourraient entraîner une augmentation du stress oxydatif, une diminution de la production d’ATP et une réduction de l’approvisionnement en énergie, ainsi qu’une altération des mécanismes autophagiques.
Projet Dr. Pietropaolo
Un médicament qui pourrait réduire les problèmes cognitifs ? Plusieurs études récentes ont montré que les défauts des canaux potassiques (wiki : Les canaux potassiques forment des pores traversant les membranes cellulaires. On les trouve dans la plupart des types de cellules et ils contrôlent un large éventail de fonctions cellulaires) jouent un rôle important dans les troubles du développement, en particulier les canaux BKCa. En effet, ils régulent la libération de neurotransmetteurs et contrôlent donc la fonction des cellules nerveuses. Le gène codant pour la protéine KCNMA1 des canaux BKCa a montré une expression réduite chez les patients porteurs du SW. Ces chercheurs proposent que ces canaux BKCa pourraient être une nouvelle cible pharmacologique dans le traitement des troubles du développement du SW (entre autre). Leur hypothèse est que la stimulation de la fonctionnalité des canaux BKCa par le biais de molécules activant ces canaux peut réduire, voire éliminer, les altérations de l’excitabilité neuronale présentes dans le SW et ainsi conduire à une amélioration des anomalies comportementales associées. L’utilisation de modèles animaux est nécessaire comme premier test de cette hypothèse, car le travail sur les animaux fournira une méthodologie simple et rapide pouvant ensuite être traduite pour les patients. La molécule BMS est un ouvreur de canaux BKCa. Elle a fait l’objet d’une attention particulière dans la mesure où elle a déjà passé la phase 3 des essais cliniques en tant que traitement de l’accident vasculaire cérébral (AVC) et que, par conséquent, les données sur sa tolérance et son absence de toxicité chez l’homme sont déjà largement disponibles. Les chercheurs proposent de la tester sur des souris SW (produites par des chercheurs espagnols de Barcelone). L’objectif de ce projet est donc d’évaluer si des molécules stimulant la fonctionnalité des canaux BKCa (ouvreurs) peuvent constituer un traitement thérapeutique précieux pour le SW. Ce projet présente potentiellement des avantages immédiats pour les patients SW, car il peut être rapidement traduit en étude clinique si des résultats positifs sont obtenus dans ces tests avec des souris. Les molécules qui seront testées sont actuellement utilisées en clinique pour d’autres indications et peuvent donc être immédiatement testées dans une population clinique.
Projet du Prof. Prosetzky
Plus de 1.800 articles scientifiques ont été publiés sur le syndrome de Williams. Ces études peuvent principalement être classées dans différents domaines de recherche médicale : fondamentale (1.119 articles), psychologie (498), neurosciences (387), biochimie, génétiques et biologie moléculaire (303) et sciences sociales (146). L’analyse de l’état de la recherche sur le syndrome a conduit ces chercheurs à proposer de voir les enfants en situation de handicap mental et non pas seulement comme le résultat de ces déficiences. Très peu d’étude jusqu’ici se sont penchées sur l’effet de l’expérience parentale ou professionnelle sur l’éducation des enfants porteurs de ce syndrome. Ces chercheurs proposent d’analyser les questions de la vie quotidienne par des méthodes scientifiques. Quelles sont les difficultés les plus importantes pour la qualité de vie des malades et de leurs proches? Au cours de leur vie, les personnes porteuses du syndrome, leurs parents et soigneurs professionnels ont probablement développé des stratégies individuelles efficaces et adaptés pour les problèmes liés au syndrome. Cette expérience pratique pourrait livrer des solutions pour d’autres familles. Ces chercheurs proposent donc d’étudier cela via de nombreux entretiens de patients, de familles et professionnels. Cette étude a déjà commencé (74 entretiens ont déjà été réalisés) mais, faute de financement, l’étude est en attente.
Depuis 2005, nous avons investi presque 500 000€ dans la recherche. C’est fabuleux!